JOHN MIXINGUne fois l’enregistrement terminé je ne savais pas qui allait le mixer et je ne pouvais bien sûr pas le faire moi-même, il fallait des lecteurs spéciaux pour lire les masters.

Un directeur artistique à Creation qui semblait intéressé par les «mises à plat» nous avait recommandé Tony Lash. Ici d’Ailleurs ne l’a même pas contacté.

Il n’y avait plus d’argent pour finir le disque. Et toujours pas d’engagement de Labels qui se sont mis à suggérer au fil des écoutes que je rechante tout l’album en français. Ici d’Ailleurs a donc, par défaut, proposé à François, qui avait fait les prises de son, de mixer l’album. J’aurais préféré quelqu’un qui ait du recul.

Il a commencé par faire trois mixes. Ça ne fonctionnait pas, je les ai fait écouter à Stéphane qui m’a envoyé le minidisc à la figure.

J’en suis venu aux mains avec un assistant d’Ici d’Ailleurs, il m’en voulait parce que c’est lui qui remplissait les chèques, il voyait passer de grosses sommes alors qu’il était au RSA. Il m’avait pris en grippe, ça a complètement faussé mes rapports avec le label, qui étaient plutôt bons au départ.

Ensuite ça a traîné pendant un an…

Désœuvré, j’ai dû prendre un boulot de merde pendant 8 mois.

Comme je n’avais pas de moyen de réécouter les bandes (c’était enregistré sur 4 huit-pistes reliés entre eux, modèle d’un enregistreur à mini-cassettes introuvable, le DA 88 de Tascam), je devais me remémorer sans cesse ce qu’il y avait sur chaque piste, ça me rendait fou !

Je suis revenu à la charge dans leurs bureaux pour que ça avance. Excédé, j’ai hurlé et ça a marché : la décision a été enfin prise d’aller mixer à Louvain avec John Cunningham (que j’avais découvert entre-temps) dans le (très gros) studio où Yann Tiersen enregistrait ses disques.

On nous a mis tout seuls sur du matériel qu’on ne connaissait pas.

John ne pouvait rester que 10 jours. Stephane Kraemer, à qui appartenait le studio, a pris le relais sur quelques morceaux.

C’était la première fois que je travaillais en connivence avec quelqu’un et ça a été le seul moment agréable sur ce disque.

Après-coup j’ai gardé l’impression que les instruments étaient très au milieu et qu’on n’avait pas vraiment réussi à transcrire les détails de la prise de son, ni le groove (même si ce n’était pas le sujet, je n’en avais pas vraiment conscience à l’époque).