L’enregistrement
Les musiciens (des copains de ma sœur, qui joue aussi du violon sur le disque) sortaient du conservatoire, ils ne savaient pas ce qu’était la «pop» pour la plupart, c’était leur première expérience d’enregistrement.
L’ingé son, François Galland, était le mec de la meilleure amie de ma copine, on ne se connaissait pas. Il était plutôt dans la musique industrielle, c’était bien car il n’avait pas d’a priori sur ce que «devait être» la pop et mettait simplement ses compétences de preneur de son à mon service.
J’ai demandé à Jérôme Didelot, qui était plutôt guitariste, écrivait et chantait dans son propre groupe, de faire les basses, pour obtenir des lignes mélodiques.
Jacques Tellitocci, était percussionniste ce qui donnait un côté hasardeux à ses mouvements de batterie car il avait perdu l’habitude d’en jouer ; ça me plaisait beaucoup car je voulais absolument éviter les automatismes. On a mis des draps, j’ai fabriqué des genres de fouets pour obtenir un effet mat.
Les sons des batteries de l’époque étaient devenus banals et sans saveur, pareil pour la basse : avec François on a passé des heures à régler des préamplis pour trouver ce que je voulais. Au final l’effet est plus réussi sur la basse que sur la batterie, mais les intentions y sont.
On logeait donc chez Jacques, il faisait chambre d’hôte pour nous, avec sa compagne, dans sa ferme pas finie. J’ai choisi cet endroit parce qu’il avait un piano et qu’on pourrait profiter de l’acoustique de plusieurs pièces. Mais c’était l’hiver, on crevait de froid.
J’ai traîné une conjonctivite durant presque tout l’enregistrement, je n’y voyais rien. Personne ne m’a pris en photo, en même temps j’avais les yeux rouges et j’étais moche.
Quand l’enregistrement s’est terminé, nos hôtes étaient tellement contents qu’on parte – l’ambiance était un peu pesante – qu’ils ont fait sous nos yeux une ronde avec leurs enfants dans la cuisine.
Les gens d’Ici d’Ailleurs sont passés deux fois pour écouter où on en était dans le projet. La deuxième fois, ils se sont rendus compte qu’on n’aurait jamais fini les voix. Ils étaient remontés et trouvaient qu’on avait perdu beaucoup de temps sur les arrangements, qu’il y en avait trop.
En sauveur Alexandre Longo m’a proposé de faire le chant chez lui. Il m’a gracieusement prêté son studio, son micro, c’était super. Pour le remercier je lui ai grillé son G4 tout neuf.